loader image

Action écoféministe en soutien à la Zad de la colline

Lire

CONTEXTE

Demain, Holcim pourra légalement ordonner l’évacuation de la Zad de la Colline, installée depuis plusieurs mois sur la colline du Mormont, entre les villages de la Sarraz et d’Eclépens. L’évacuation de la première Zone A Défendre de Suisse signifierait une victoire – une de plus – en faveur de la destruction des écosystèmes, de l’impunité des multinationales, de la propriété privée qui mène à l’exploitation et prime devant le monde du vivant. Alors que l’état de la planète continue de se dégrader, que les puissants accumulent toujours plus de ressources sans les redistribuer à la population, qu’un écocide planétaire terrasse le vivant, alors que les espaces de bien commun sont réduit à peau de chagrins, et que les corps et les vies de femmes* sont encore contrôlées, étiquetées et brimées, nous, groupement écoféministe, souhaitons montrer notre solidarité aux militant-e-s qui se mobilisent pour la préservation de la colline du Mormont et contre les activités de LafargeHolcim. Nous avons choisi de nous porter solidaires de cette lutte, en mettant en avant sa dimension écoféministe. Nous avons décidé de nous attaquer à Holcim et à son monde extractiviste en disant non à la toute puissante propriété privée, à l’exploitation de la terre, et à celle des femmes*.

A cette fin, en ce dimanche 28 mars, nous nous sommes réapproprié la mine et nos corps, dans un mouvement commun symbolique sur la colline. Au son des tambours, nues ou à demies, nous nous sommes rendues jusqu’au bord de la mine, au bord des débris d’Holcim. Nos corps grimés et libérés au-devant des rocailles, nous avons libéré symboliquement la colline de l’exploitation minière en enlevant avec nos pinces coupantes les barrières d’Holcim. Cette colline n’est pas la votre ! avons-nous crié. Une banderole « Libérons nos corps et la Terre du béton patriarcal et son monde », et d’autres éléments ont été ajouté à la structure métallique qui marque les frontières entre l’espace naturel non exploité que les zadistes protègent et la carrière. Notre action est un cri de libération, et une brèche dans les murs de la propriété privée des territoires et des vies. Nous ne voulons pas d’Holcim : libérons la colline de l’emprise de cette multinationale écocidaire ! A l’instar de la Zad, nous aspirons à construire un monde qui conviendrait à toustes, qui n’exploiterait pas la vie sans éthique ni non plus le corps des femmes : nous voulons décider de l’image que prennent nos corps, qui vivent par eux-même, de nos genres, et de notre autodétermination de genre et sexuelle. Ce que les zadistes de la Colline que nous sommes venues soutenir apportent, c’est aussi l’urgence de s’opposer avec nos corps au paradigme d’extraction ravageur qui absorbe ce qui est vivant autour de nous et que la loi n’a pas prévu de protéger. Un combat qui relie l’oppression de la Terre à celle des corps, au coeur du combat écoféministe, qui veut se défaire des valeurs du vieux monde pour privilégier un nouveau rapport au monde, porté vers le soin et la diversité des genres, des corps et du vivant. Nous voulons d’une écologie qui soit aussi féministe et intersectionnelle.

LIBERER NOS CORPS ET LA PLANÈTE DE L’EMPRISE DU PATRIARCAT ET DU CAPITALISME BETONNISATEUR

Parce que nos corps sont encore trop souvent rangés, contrôlés, brimés, exploités, violentés et modifiés au grès des injonctions, parce que les espaces naturels sont encore détruits, défoncés, exploités au nom d’une société de croissance, parce que les matières premières sont pillées au nom de la croissance et d’un bien-être artificiel, parce que les territoires sont quadrillés de frontières selon des logiques qui ne respectent pas celles des peuples qui y vivent, parce que des guerres sont créées pour savoir qui aura le droit d’exploiter tel ou tel territoire, parce que les viols de nos corps et de nos terres sont pour les puissants une arme tellement violente qu’elle ne se décrit pas, parce que certains décident qu’ils peuvent être propriétaires de territoires communs ou de corps censés être libres, parce que les logiques de colonisation continuent encore aujourd’hui et constitue le fondement des sociétés occidentales, parce que les oppressions de la nature et celles du genre sont interreliées et que l’une ne va pas sans l’autre, nous nous opposons avec nos peaux, nos os et nos entrailles aux politiques mortifères d’Holcim. Nous voulons construire un monde sans oppressions. Par le geste de nos corps nus et réappropriés, nous libérons la colline de l’appropriation d’Holcim pour des intérêts privés de profit: nos corps s’imposent entre eux et la colline pour la défendre à notre manière.

LOCAL & GLOBAL

Pour nous, la ZAD a montré une chose : l’opposition entre Holcim et ses politiques et activités destructices et extractivistes, faisant fi des intérêts du monde vivant qu’elle dévore, et la ZAD et son amour pour tout ce qui vit, son soin aux animaux et aux plantes et son soin aux humaines. Holcim et le béton uniformisant qu’il impose, la ZAD et la diversité des habitations créatives et solidaires qu’elle propose. Holcim la mort, contre la micro-société colorée de la ZAD. Holcim le vieux monde, la ZAD l’espoir d’un nouveau rapport au monde.

Si l’ancrage régional de la Zad est primordial, et bien qu’il s’agisse de préserver un écosystème riche et une colline précieuse, le combat des zadistes dépasse une simple lutte locale en venant remettre directement en question le système qui permet ce type de destruction. Rappelons entre autre le fait que dans plusieurs pays, des personnes subissent directement les conséquences des politiques extractivistes, et ce sont souvent les femmes* qui le vivent le plus durement, en raison de leur rôle de soin des communautés et par le fait qu’elles assument majoritairement le travail de soin non reconnu par le capitalisme mais essentiel à la survie de tous et toutes.

CONCLUSION, ECONOMIE DU SOIN ET TRANSITION

Nous sommes sensibles à la question des ouvriers et ouvrières d’Holcim, qui ne sont pas responsables des activités destructives de leur employeurs. Celleux auquel.le.s nous nous attaquons sont les patrons, les actionnaires et les personnalités politiques qui soutiennent une économie de croissance insoutenable, destructrice et oppressive. Nous souhaitons prôner une économie du soin, durable, écologique. C’est pour cela que nous sommes féministes, anticapitalistes et écologiste, et que nous continuerons à lutter contre le sexisme et pour plus de justice sociale et climatique.

Nous devons changer de paradigme.

C’est un cri de libération et de réappropriation de ce qui devrait nous appartenir : nos corps, la terre, ces espaces, ces surfaces et ces êtres trop souvent vendu, détruit, contrôlé ou enfermé.

HOLCIM : ON TE LAISSERA PAS TRANQUILLE !


Suite à de nombreux messages haineux, misogynes et totalement impertinents, nous avons décidé de désactiver l’espace commentaire prévu initialement pour des débats bienveillants et constructifs.
Le Colvert du Peuple se bat, certes, pour une liberté d’expression mise à mal aujourd’hui dans les médias, mais avant tout pour une société égalitaire, exempte de violences patriarcales, sexistes et dominatrices. Nous voulons que ce journal et son espace commentaire restent un lieu safe pour les minorités et nous tenons à nous excuser auprès des personnes ayant été choquées par les propos tenus à l’égard de ces femmes* courageuses et fières.
L’équipe du Colvert sera désormais préparée à ce genre de situations et n’hésitera pas à modérer de futurs discours révoltants.
Nous félicitons une fois de plus le groupement écoféministe pour cette action somptueuse et intrépide.

Le monde d’après sera féministe ou ne sera pas.