Autopsie de la super-héroïne au costume orange
Reclus.e.s dans nos isoloirs existentiels, l’âme aspirée par nos écrans diffuseurs de morphine, le Dehors ressemble à un immense désert. Le capitalisme, qui a étendu ses draps de sable jusqu’à l’horizon, ne cesse d’assécher nos gorges et nos cœurs. Entre deux dunes, parfumée par des airs de solitude, la Loterie Romande ressemble à un havre de solidarité. Institution à but non lucratif, cette oasis aux palmiers oranges verse l’intégralité de son bénéfice à des associations issues des milieux culturels, sociaux, sportifs et médicaux, leur permettant d’éponger les salives d’un Etat toujours plus avide.
Cependant, à force de marcher sur le sable chaud dans sa direction et de faire glisser nos regards sur ses végétations scintillantes d’ivre espoir, la Loterie Romande peine à dissimuler ses nombreux scandales d’intérêt public. Preuve qu’elle n’est qu’un mirage de plus dans ce monde crépusculaire.
Privatisation masquée 1
Le 10 juin 2018, le peuple suisse2 accepte largement la nouvelle loi fédérale sur les jeux d’argent (LJAr). La Loterie Romande et son pendant germanophone Swisslos se frottent les mains : ces instances publiques sont enfin débarrassées des sites étrangers de jeux d’argent, accusés par la classe politique d’agir comme des sangsues suçant le portefeuille de la population suisse sans qu’aucune goutte de ce précieux liquide doré prélevé ne termine dans la bouche de l’Etat suisse. Confirmant un monopole en vigueur depuis plusieurs dizaines d’années, la LoRo et Swisslos surfent désormais seules sur une vague qui pèserait plusieurs milliards de chiffre d’affaire, avec le devoir de ne pas la transformer en tsunami. En substance, la loi entrée en vigueur début 2019 martèle que ces sociétés publiques doivent protéger de manière appropriée la population contre les dangers inhérents aux jeux d’argent, assurer une exploitation sûre et transparente des jeux d’argent et garantir que les bénéfices nets des jeux de grandes envergures soient affectés intégralement et de manière transparente à des buts d’utilité publique3. L’Etat suisse récupère ainsi un territoire assailli par un conglomérat d’entreprises étrangères cupides tout en assurant un service transparent en faveur de la collectivité. Tout est beau dans le meilleur des mondes.
Si les acteurs.trices politiques suisses, d’une voix presque monocorde4, louent cette écrasante victoire, les spectateurs tombent rapidement de leur siège. Quelques mois après la votation, dans un timing pour le moins déroutant5, la LoRo met en place un projet de délocalisation, transférant 10 emplois en Pologne. Quatre employé.e.s suisses sont poussé.e.s vers la dangereuse trappe sociale du chômage. Si des avalanches de stupéfaction déferlent sur sa poule aux œufs d’argent, notamment depuis des versants politiques6, Jean-Luc Moner-Banet, directeur général de la Loterie Romande, essaie d’éteindre l’incendie. Mais l’eau se fait désespérément rare. Niant l’évidence7, la tête pensante de la LoRo creuse, bien aidé par sa langue de bois, des tranchées entre sa société et le monde politico-médiatique. Les gouvernements romands, pas dupes, tirent la sonnette d’alarme face à cette récidive8. En effet, en 2015, la Loterie Romande avait déjà croqué dans l’orange en délocalisant l’impression de ses billets aux Etats-Unis, coûtant la vie d’une entreprise bulloise et de ses 18 emplois9. Pour les défenseurs.ses d’un service public fort et solidaire qui s’étaient rangé.e.s, quelques mois plus tôt, du côté de la Loterie Romande, il faut désormais choisir entre la pilule bleue et la pilule orange.
Cette affaire, qui a émoussé un château public toujours plus menacé par les infatigables vagues de la privatisation, est rapidement noyée par le flot d’eau tiède qui inonde nos médias. Elle est toutefois au cœur d’une hypothèse qui s’est, au fil de nos recherches, transformée en constat : la Loterie Romande est gérée comme une entreprise privée.
Si ce mot (entreprise) est souvent tabou lorsque certains de ses gènes s’infiltrent dans l’ADN d’une institution publique, la Loterie Romande ne s’embarrasse pas de ce genre de pudeurs de gazelle. « La Loterie Romande fonctionne comme une véritable entreprise »10, clame fièrement Jean-Luc Moner-Banet. Ce terme est par ailleurs omniprésent sur le site internet de la LoRo. En outre, l’ogre orange s’enorgueillit, année après année, de réaliser un bénéfice toujours plus élevé, tandis que son film d’entreprise 2019, sorte de café gourmand d’un Menschenführung (management) insatiable, clame d’une douce voix que les gouvernements romands ont créé cette entreprise en 193711. Les archives, pourtant, parlent d’une société, et non d’une entreprise12. Simple piaillement lexical de colvert enragé ? Relevons simplement que l’imaginaire qui gravite autour des deux termes est radicalement différent. Depuis quelques années, cette métamorphose semble actée. Ces projets de délocalisation ressemblent à des indices olfactifs qui dessinent les premiers traits du corps de cafard que la Loterie Romande est devenue.
Autre anomalie pour une société publique, la LoRo grouille dans un espace opaque où bon nombre de ses agissements demeurent mystérieux. La structure musculaire de notre insecte interpelle. Outre l’organigramme classique d’une entreprise, son abdomen est constitué de trois organes : le premier, constitué de six conseillers d’Etat, définit les positions communes de chaque canton romand (CORJA). Le second, étiqueté conseil d’administration (formé d’anciens conseillers d’Etat / hauts fonctionnaires), et le troisième, l’assemblée générale, composée de 30 membres, ont des cahiers des charges assez flous13. Impossible de savoir à quelle hauteur se situent les rémunérations de tous ces individus14. Les antennes de communication de la Loterie Romande, que nous avons interpellées sur ce point, maintiennent cette vaste zone d’ombre. Christine Bulliard-Marbach, membre du conseil d’administration, a toutefois jeté un chiffre dans la mare, éclaboussant toute forme de décence qui se baladait dans les parages. Elle touche 33’000.- par année pour une dizaine de séances annuelles15, 33’000 francs ! La Loterie Romande relâche des premières phéromones à l’odeur nauséabonde.
Nous apprenons ensuite que Swisslos rémunère à moitié moins les membres de son conseil d’administration. Le PDG de la LoRo, Monsieur Moner-Banet, sorte de Jar Jar Binks de cette enquête tant chacune de ses déclarations provoque une forme d’irritation immédiate, répond que « ce sont deux entités totalement différentes et que son conseil d’administration a des tâches que n’a pas celui de SwissLos.16 ». Rampez, rien à voir ! En continuant d’éplucher les colonnes du 24 heures, celles-ci nous informent que le conseil d’administration fixe lui-même ses propres rémunérations, mais sous l’étroite surveillance de la Gespa (autorité intercantonale de surveillance des jeux d’argent), ce que nous confirment dans un second temps les antennes de notre cafard orange. Problème : un membre de la Gespa affirme que « la loi ne permet pas de vérifier et de contrôler les rémunérations individuelles de la Loterie Romande »17. Contactée sur ce point précis, cette organisation publique a pris connaissance de nos questions, tout en refusant d’y répondre. Un silence en forme d’aveu ?
Résumons rapidement : nous avons donc la certitude que des anciens conseillers d’Etat ou des hauts fonctionnaires, pas rassasiés par leur salaire déjà mirobolant, se servent librement dans les caisses de la collectivité publique en échange d’une dizaine de séances annuelles, tirant à la baisse les bénéfices reversés par la Loterie Romande.
Cette sale magouille déteint le bilan annuel de la Loterie Romande. En 2019, alors que la société distribue le 54% de son produit brut des jeux (la différence entre les mises jouées et les gains reversés, donc une sorte de chiffre d’affaire), Swisslos verse le 68% de son PBJ, soit un gouffre d’environ 56 millions de francs. Notre Jar Jar national réplique : « Vous comparez des choses incomparables. Le bassin de population n’est pas le même. La loterie romande est une entreprise très efficace. Si Swisslos avait le même succès que nous, les bénéfices qu’elle distribuerait seraient de l’ordre de 700 millions et non 400 millions.18» Pour la solidarité, on repassera. Pour une réponse honnête et transparente également.
Un autre haut sommet du bilan financier de 2019 qui culmine à plus de 13 millions de francs de la Loterie Romande interpelle : chaque année, notre cafard orange, avec l’argent qu’il prélève sur la population (faut-il le rappeler ?), dépense une telle somme pour la communication, le marketing et la publicité19. Ce montant astronomique ouvre la porte d’une salle rongée par l’obscurité, une salle où les larmes, silencieuses, coulent vers l’intérieur. Cette salle, c’est celle de la dépendance.
Instrumentalisation de la dépendance
Fin 2020, Laurence Fehlmann Rielle dépose une interpellation sous la coupole fédérale. Selon l’élue genevoise, la dernière publicité de la Loterie Romande (celle du monde des parieurs) représente « une violation évidente de la nouvelle loi fédérale sur les jeux d’argent« . Deux points font sourciller la députée socialiste : primo, la publicité serait outrancière (art. 74 al. 1), dans la mesure où elle laisse clairement sous-entendre qu’avec des connaissances sportives, il est possible (voir probable) de s’enrichir grâce aux paris sportifs, ce qui est démenti par de récentes études. Secundo, la publicité ciblerait les mineurs, ce qui contrevient à l’article 74 alinéa 220. Si la stratégie de la Loterie Romande d’attirer dans sa toile une clientèle jeune grâce à des codes bien maîtrisés ne fait pas l’ombre d’un doute, difficile de positionner ce clip publicitaire à l’intérieur ou l’extérieur des clous de la loi, tant cette dernière baigne dans un flou juridique caractéristique de notre droit. Alpagué sur ces deux points, le conseil fédéral a finalement décidé … de ne pas décider, laissant à la Gespa le soin de trancher. Sourde face aux inquiétudes de Laurence Fehlmann Rielle et des associations luttant contre l’addiction aux jeux d’argent qui ruminent dans son ombre, elle se range du côté de la Loterie Romande. N’en déplaise à la Gespa, l’élue socialiste a mis le doigt sur un sujet ô combien préoccupant : selon une enquête menée par le Fond de recherche Société et Culture québécois (FRQSC), 82% (!) des mineurs estiment que l’image perçue des jeux est celle du fun et de l’argent facile, sans qu’aucune compétence ne soit nécessaire21. Cette publicité sur fond de musique électro-rap au montage presque youtubesque fait partie de ce travail de sape du marketing qui sème des graines dans le jardin cérébral des plus jeunes dont certaines écloront fatalement en fleurs maladives.
Sur ce point précis, prenons nos distances avec un champ légal toujours fortement soumis à l’interprétation des personnes détenant le pouvoir (en l’occurrence la Gespa) et effectuons un pas de côté : pour quelle raison la Loterie Romande, qui fonctionne comme une entreprise privée et dont l’objectif à peine voilé est d’accroître toujours plus son bénéfice, lutterait-elle efficacement contre les comportements addictifs, alors que ce sont précisément ces comportements qui se montrent particulièrement rentables pour les caisses de la LoRo (nous y reviendrons) ?
Il est en outre notable de constater qu’à chaque reprise où la Loterie Romande (ou dans l’exemple ci-dessus le conseil fédéral) est contestée sur un de ses agissements, elle se range systématiquement derrière le coup de marteau de la Gespa qui, à tous les coups ou presque22, déroule le tapis orange. Et si cet organe drapé d’indépendance (alors que ses membres sont élu.e.s par des conseillers d’Etat23, mais nous y reviendrons également) créé en 2006 avait comme principal rôle celui de légitimer chacune des actions contestées de la Loterie Romande ? Le GREA (Groupement Romand des études d’addictions) préfère ne pas s’avancer sur ce terrain. Pour autant, Camille Robert, chargée de projet et experte en dépendance aux jeux d’argent, peine à dissimuler l’exaspération qui brûle ses lèvres. « La Gespa pose des questions d’autorité : est-ce elle ou les cantons qui ont le dernier mot ? Et puis, qui surveille la Gespa ? ». Pour répondre à cette interrogation, Camille Robert travaille avec des élu.e.s de quelques canton afin de déposer un postulat demandant aux autorités cantonales de clarifier la situation. « Ce qui pose problème, c’est le fait que le rôle de la Gespa soit défini dans le CJA, sorte d’antichambre qui se situe entre le niveau cantonal et le niveau fédéral et sur lequel il n’y pas de leviers d’action démocratique. ». Ce problème a d’ailleurs été soulevé par la Commission de justice du Grand Conseil fribourgeois qui pointe l’absence de surveillance de la Gespa24.
Si son association (le GREA) collabore parfois avec la Loterie Romande, arrivant sur certains points à faire bouger l’ogre orange, Camille Robert n’est pas dupe du plafond d’argent infranchissable auquel elle et ses collègues se heurtent. « La Loterie Romande est une entreprise, son objectif reste l’accroissement de ses bénéfices. C’est le cadre politique qui entoure ses activités qu’il faut repenser. », ajoute-t-elle avec un sourire teinté d’évidence.
Revenons à la campagne publicitaire de la Loterie Romande sur le monde des parieurs. Camille Robert nous indique avoir envoyé une autre missive concernant une campagne publicitaire passée, elle, sous les radars médiatiques. « Puisque je fréquente souvent le site de la Loterie Romande, j’ai reçu un nombre important de capsules vidéos sur mes réseaux sociaux sous la bannière « Jouer c’est soutenir » ». Alors que cette campagne publicitaire semble s’être arrêtée brutalement suite au courrier envoyé par la GREA,25 ses vestiges sont encore disponibles sur leur page YouTube. Inspirées par la campagne publicitaire de la Fédération française de la chasse qui avait provoqué tant de remous26, ces courtes vidéos assimilent le fait de jouer à la Loterie Romande à un comportement généreux. Petit exemple : dans une de ces vidéos27, deux collègues parlent d’un Patrick reconnu pour être radin. Lorsque le premier indique au second que Patrick soutient généreusement la lutte contre le cancer, les deux individus n’en reviennent pas. Finalement, le premier raconte que Patrick joue à la Loterie Romande à hauteur de 10 francs par semaine, et que c’est de cette manière qu’il soutient la recherche contre le cancer. La Loterie Romande, transformant le « vice » (qui s’accompagne parfois de terribles conséquences sociales) en « vertu », repousse les limites de la décence. Si Camille Robert s’est amusée à calculer combien, sur les dix francs, revenait effectivement à la recherche contre le cancer (spoiler : moins d’un centime), la spécialiste en addiction aux jeux d’argent pointe un autre problème : « La loi sur les jeux d’argent récemment votée clame que les opérateurs de jeu, dont la Loterie Romande, n’ont pas le droit de faire des publicités outrancières et de cibler des joueurs interdits de jeu. Le respect du principe de publicité non-outrancière voudrait qu’on ne cible pas non plus les joueurs excessifs ou dépendants. Or j’aimerais demander à la Gespa : comment faites-vous pour vous assurer que les publicités de la LoRo ne ciblent pas les joueurs dépendants dans la mesure où ces publicités diffusées sur les réseaux sociaux ciblent justement les personnes qui fréquentent le site et les réseaux de la Loterie Romande. C’est précisément parce que je fréquente le site de la LoRo que je reçois ce genre de publicités. ». La Loterie Romande, qui peine à tenir les rênes des algorithmes d’Internet, sort de la route légale et fonce vers le précipice.
L’occasion ensuite pour Camille Robert de nous raconter un témoignage encore brûlant d’une personne dépendante de moins de 25 ans exclue des plateformes de jeux d’argent. Chaque jour, cette dernière croule sous les publicités de casinos, de machines à sous et de paris en ligne, remuant le couteau dans une plaie encore vive. Décidément, le chemin pour sortir de la dépendance semble bien plus semé d’embûches que celui pour y parvenir.
Revenons à notre insecte. Comment gère-t-il la dépendance qu’il produit ? Si ses antennes répètent inlassablement qu’il lutte de manière active contre ce fléau, qu’en est-il réellement ?
Il faut d’abord comprendre qu’un comportement addictif est toujours le produit d’un environnement. Aucun être humain n’a le malheur de naître avec le « syndrome de l’addict ». Un comportement addictif est le fruit d’une multitudes d’injonctions discrètes, habilement distillées dans nos existences, qui se mêlent parfois à un besoin (besoin d’argent, d’adrénaline, de fuir l’ennui, …) ou un désir (passion pour le sport ou les jeux de hasard) pour créer, au fil des heures passées à jouer, une dépendance brûlante. En appliquant cette définition « scientifique » de l’addiction (et non la fable ultra-individualiste où chacun.e serait libre ou non de devenir une personne dépendante), le matraquage publicitaire asséné par la Loterie Romande pose clairement problème. Si Camille Robert se plie volontiers à l’évidence et milite, avec le GREA, pour un encadrement strict de la publicité pour les jeux d’argent comparable à celui imposé au tabac ou à l’alcool, la Gespa, sorte de Sancho Panza moderne, accourt encore au secours de la Loterie Romande, par l’intermédiaire de Pascal Philipona : « Nous constatons que les sociétés de loterie font preuve de retenue dans leur publicité, en particulier dans cette période de crise sanitaire.28 ». Pas sûr que les villes de Suisse romande, tatouées à l’outrance par la LoRo, donnent le même son de cloche.
Concernant les réels moyens mis en œuvre par la Loterie Romande pour lutter contre la dépendance, nous préférons tomber plume à la main, tant les flots de communication insipides que vomit notre cafard feraient pâlir un coucher de soleil. Suivons les conseils de Youssoupha : « Les beaux parleurs peuvent mentir, c’est les actions qui comptent. J’écoute pas les gens, je regarde ce qu’ils font ».
Un article du 24 heures paru en 2015 donne le ton29. Alors que la future loi sur les jeux baigne encore dans le ventre arrondi du Palais Fédéral, le quotidien vaudois titre : « La Loterie Romande redoute une prévention excessive ». Aux armes avec Addiction suisse, la LoRo estime que reverser le 0.5% de son PBJ pour lutter contre les comportements addictifs est largement suffisant, ce que conteste fermement la fondation indépendante reconnue d’utilité publique, accusée par la Loterie Romande de peindre le diable sur sa façade orangée. Dans ce bras de fer qui oppose une entreprise en quête de profit et une fondation indépendante luttant pour le bien commun, choisir son camp ne sera pas chose délicate. L’ancien président de la LoRo enfonce le clou : « On parle de 2% de la population pouvant être dépendante au jeu. Encore faut-il s’entendre sur ce que cela signifie quand on dit par ailleurs que 2% des gens peuvent avoir un penchant à la pédophilie sans que cela ne se manifeste d’une manière ou d’une autre. » Au-delà de la finesse extrême de l’argument, un chiffre a remué les viscères de certains addictologues : 2%. Si la Loterie Romande base sa communication sur cette extrême marginalité des comportements addictifs, certain.e.s expert.e.s qui ont travaillé sur cette question trébuchent sur des chiffres parfois sept à huit fois supérieurs30. Le front principal de cette guerre des chiffres qui fait rage entre les deux camps semble se situer quelques encablures plus loin. Voici la question qui piétine ses terres boueuses : quel est l’apport des joueurs.ses dépendant.e.s sur le bénéfice total de la Loterie Romande ? Si plusieurs études tablent sur environ 40%, Jean-Luc Moner-Banet balaie ces chiffres d’un revers de patte, allant même jusqu’à affirmer que « les gros parieurs sont nos plus mauvais clients31« . Las pour le service communication de la Loterie Romande, un récent rapport édifiant du GREA et d’Addiction Suisse semble avoir plié l’affaire32. De quoi transformer leur langue en gueule de bois ?
Ce tableau, tiré du dernier rapport du GREA et d’Addiction Suisse, atteste de la forte dépendance des opérateurs de jeu aux comportements dépendants.
Ces chiffres, et notamment ceux des paris sportifs, formule la plus développée (nous y reviendrons) par la Loterie Romande ces dernières années (ce doit être un malheureux hasard), laissent pantois. Camille Robert tire la même conclusion que nous : « La recherche montre effectivement que les joueurs à risque et problématiques représentent une part importante des revenus dans l’industrie des jeux d’argent. ». Difficile, dans ce cas, de demander à la Loterie Romande de se priver elle-même d’une part conséquente de son bénéfice. Notre insecte semble ainsi s’attaquer (mollement) uniquement aux effets, et non aux causes des comportements addictifs. Peut-être faudrait-il expliquer à ces industriels de la dépendance que lorsque un enfant est touché par la varicelle, percer ses boutons n’est d’aucune utilité pour lutter contre la maladie.
Rajoutons une dernière pierre à l’édifice en nous arrêtant brièvement sur la grande plateforme de paris (et autres jeux) en ligne mise sur pattes récemment par la Loterie Romande. Elle offre aux joueurs.ses la possibilité de parier en direct (live betting) sur des milliers de matchs avec une multitude de types de paris possibles33. Cette fonctionnalité, particulièrement crainte par les addictologues, fait des ravages dans nos pays voisins. Plus besoin de se déplacer au guichet, de payer cash, d’affronter le regard de la vendeuse ou du vendeur, plus besoin de conscientiser, de matérialiser son comportement : un clic, désormais, suffit. Pour quelle raison, sinon croître son bénéfice à travers les personnes dépendantes, la Loterie Romande a-t-elle créé cette plateforme dangereuse ? Camille Robert, qui semble partager notre point de vue, raconte : « la Loterie Romande nous a vanté les mérites de cette informatisation des jeux qui permet de mieux contrôler le comportement en ligne des joueurs.ses et donc de plus rapidement pouvoir cerner des comportements addictifs. Le problème, c’est que pour qu’un compte apparaisse dans les fichiers de la LoRo comme potentiellement problématique, il faut que la personne perde au moins 2’000.- durant trois mois consécutifs, ce qui est beaucoup trop, notamment lorsqu’on connait la provenance sociale de la majorité de ce genre de joueurs.ses. Et la Gespa a accepté ce seuil.». La farce ne s’arrête pas là, puisque même lorsqu’un ou une joueur.se reçoit, au bout des trois mois, une information sur l’auto-exclusion, ils seraient nombreux.ses.x à abandonner, refroidi.e.s par toute cette paperasse administrative. Pire encore, dans un nombre conséquent de cas, ces personnes dépendantes rejoignent ensuite d’autres plateformes de jeux d’argent, voire demandent à la Loterie Romande de réactiver leur compte, ce que fait cette dernière sans broncher.
Dernière pierre à lancer contre cette plateforme scandaleuse, avant que les lacrymos ne nous dispersent : ses cotes sont absolument indigestes. Alors que les sites de paris étrangers prennent généralement 10% de marge (c’est-à-dire que lors d’un match (par exemple) de tennis dont l’algorithme a estimé que les chances étaient complètement égales, les cotes seront à 1.9 et 1.9), la LoRo prend généralement entre … 30 et 35% ! Si ces cotes si peu intéressantes s’intégraient dans une stratégie de démotivation des parieurs.ses, nous serions les premier.es à louer cette idée. Ce n’est évidemment pas le cas. Vendre, dans ces conditions, l’image d’une passion pouvant se révéler facilement rentable, relève d’un cynisme sans fin.
S’il demeure difficile d’avoir des chiffres précis sur l’évolution des comportements addictifs depuis la création de cette plateforme, Camille Robert ne se fait guère d’illusion : « On constate, sans pouvoir encore le chiffrer, que le phénomène de jeux d’argent en ligne, vu le contexte sanitaire, prend de l’ampleur, ce qui est très inquiétant. ».
Ces quelques signaux, non-exhaustifs, détricotent cette représentation d’une Loterie Romande sensible aux comportements addictifs qu’elle génère. Les points soulevés ci-dessus , mis en lumière par le témoignage précieux de Camille Robert, attestent, de notre point de vue, que la LoRo ne s’inquiète qu’en second lieu de la dépendance qu’elle produit. Elle vise d’abord à accroître son bénéfice, puis rassemble dans un second temps les existences qu’elles brisent34, une larme (de crocodile) à l’œil. Si cette révélation n’en est pas vraiment une, elle attire les projecteurs sur la Gespa, autorité de surveillance nommée par les cantons censée calmer les ardeurs de la Loterie Romande. Camille Robert conclut : « Ce qui est choquant, ce n’est pas, par exemple, que la Loterie Romande mette un seuil autant élevé de 2’000.- de perte pendant trois mois, mais que la Gespa valide ce type de politique sans broncher ».
Vertige panoramique
Les mauvaises herbes qui cicatrisent la façade de la Loterie Romande arrachées, prenons désormais un peu de recul afin de comprendre de qui et de quoi la LoRo est le visage. Dans la forêt de chiffres que nous avons essayé de débroussailler, il faut encore s’attarder sur une sombre clairière où gisent des pieds aux corps arrachés : celle du coût social du jeu excessif en Suisse Romande. Plusieurs sources, dont une étude menée à l’Université de Neuchâtel, font jaillir un montant avoisinant les 600 millions35de francs pour l’ensemble du territoire helvétique, soit environ 240 millions pour la Suisse Romande. Camille Robert précise toutefois que « cette étude s’est basée sur les chiffres de 2007 et que, par conséquent, une réplique est en projet. Le montant actuel devrait donc être bien plus élevé. » Face à ce chiffre vertigineux, la Loterie Romande s’emmure dans le silence et le déni, préférant agiter une autre étude financée par … l’OFSP36. Cette dernière trace des conclusions radicalement différentes ; le coût social du jeu excessif serait, en Suisse Romande, de 24 millions par an, soit dix fois moins. Comment, à nouveau, expliquer un tel gouffre d’écart ? « Cette étude n’est pas complète : elle ne prend en compte que la charge financière qui pèse sur les employeurs.ses, condamnant au silence tout le reste ». Cet avis tranché par Camille Robert est partagé par les autres addictologues que nous avons contacté.e.s, tiraillé.e.s entre rire et consternation face à cette étude grotesque. Nous pourrions questionner le fait que l’OFSP, organe étatique, finance de telles recherches mutiques et trompeuses.
Cette estimation sous-estimée (240 mios), dont la responsabilité entache également les casinos, nuance cette image colorée et fleurissante d’une Loterie Romande perçue comme une poule aux œufs d’or pour l’Etat suisse. La LoRo n’est donc pas si rentable qu’elle en donne l’impression, car masquée derrière cette politique de financement de la culture et du sport, elle, donc l’Etat, doit ensuite payer la facture sociale. Que penser de ce système ? Pour quelle raison l’Etat investit de manière aussi conséquente (notamment à travers la publicité que certains pays, dont l’Espagne, ont interdites) dans cet écosystème peu rentable, fabriquant au passage des comportements addictifs causant de tragiques épisodes sociaux ? Prolongeons l’interrogation permanente de Cicéron : Cui Bono ?
Nos recherches attestent que la Loterie Romande profite essentiellement à deux entités relativement concrètes qu’il faut arracher de l’ombre. D’une première part, un microcosme constitué de politicien.nes et de hauts fonctionnaires semble siéger aux premières loges pour décrocher les fruits mûrs de l’oranger. D’une deuxième part, un rapide coup d’œil aux associations et manifestations culturelles subventionnées par la Loterie Romande prouve qu’une certaine culture, la culture bourgeoise, profite pleinement de cet écosystème. Vous remarquerez aisément que ces deux entités baignent dans les mêmes eaux.
Pour cette « élite » de hauts-diplômé.e.s qui se baladent, l’estomac jamais repu, entre les rangs d’un immense buffet plongé dans l’obscurité, touchant ici et là des rémunérations plus que généreuses, le plat que propose la Loterie Romande est un des mets les plus appréciés37. Il est sidérant de constater la manière dont ces parasites, formatés dans les mêmes universités ou les mêmes entreprises, se nomment, se rémunèrent, se contrôlent entre eux, sous le regard détourné de la collectivité qui finance ces orgies financières. Michaël Buffat, élu vaudois UDC, confirme notre présentiment en déclarant que « ce mode de fonctionnement n’est pas admissible et qu’il renforce le sentiment que la politique ne serait qu’un monde de petits copains38 ». Cette oligarchie relâche la désagréable impression de participer à un jeu de chaises musicales très lucratif où le nombre de sièges ne cesse d’augmenter, année après année. A ce titre, l’exemple de la Gespa ne manque pas d’éloquence. Jusqu’à son éclosion en 2006, ce rôle de surveillance des sites de jeux d’argent était rempli par les autorités cantonales. Sa création a permis l’apparition d’au moins cinq emplois (sur les seize que compte l’organe) bien rémunérés39 dont les conditions d’accès sont verrouillées pour le commun des mortels. Alors que le nombre d’emplois essentiels, que la crise du Covid a mis en lumière, semble tiré en permanence à la baisse, notamment à travers la détérioration des conditions de travail, ce genre d’organes « indépendants », de nouvelles commissions, de conseils d’administrations dont la réelle utilité peine à être démontrée fleurissent à tous bouts de champ. L’ombre du regretté David Graeber et de ses bullshits jobs planent sur ce constat problématique. En outre, cette consanguinité renferme des conflits d’intérêts majeurs : qui peut croire à un seul instant que la Gespa, dont les membres centraux sont élu.e.s par plusieurs conseillers d’Etat romands, va sérieusement superviser et éventuellement réprimander la Loterie Romande, pourrie en son intérieur par la présence de certains de ces mêmes conseillers d’Etat ? Qui peut croire une seule seconde à cette fable indigeste digne d’un mauvais scénario hollywoodien ?
Comme précisé plus tôt, l’autre bénéficiaire directe de l’écosystème Loterie Romande semble être la culture bourgeoise. Notons d’emblée que les personnes ayant la lourde responsabilité de décider quelles associations ou manifestations culturelles soutenir appartiennent à ce même microcosme que nous avons pointé de la plume tout à l’heure. Tous ces élu.e.s du Capital, dignes héritiers de la bourgeoisie, ont développé au fil de leurs socialisations des sensibilités, des passions, des intérêts pour une certaine culture qui se situe généralement dans un cadre bien délimité. Cette hiérarchisation des cultures, incorporée par toute la population grâce à l’école, le cadre familial et bien d’autres institutions s’intègre mécaniquement à leurs schèmes de pensée, à leur rapport au monde et à la culture. C’est donc tout naturellement que ces personnes vont ensuite favoriser certaines manifestations et associations culturelles au détriment d’autres. Ainsi, le fossé se creuse entre une culture bourgeoise (souvent moins subversive politiquement) soutenue par l’Etat et une sous-culture condamnée à ne devoir compter que sur elle-même. Ce phénomène devient particulièrement pervers lorsque toutes les études récentes démontrent que les personnes issues des classes défavorisées sont plus susceptibles de se faire broyer dans la machine à dépendance qu’entretient la Loterie Romande. Ce sont donc principalement les classes populaires qui participent à ce financement de la culture bourgeoise, culture de laquelle elles sont exclues à travers notamment ce que Pierre Bourdieu appelait violence symbolique. Notons également que les personnes qui choisissent quelles associations la Loterie Romande doit aider financièrement ont souvent des missions dans ces mêmes associations, donnant lieu à des conflits d’intérêts criants et inadmissibles40. « Ils ne sont pas corrompus« , écrivait Juan Branco. « Ils sont la corruption« .
Deux points encore avant de refermer le voile de la Loterie Romande. Le premier, qui concerne l’émergence et l’explosion du live betting, baigne dans des eaux anthropologiques. Au-delà de tous les problèmes qu’il soulève sur le plan de l’addiction, le pari en direct ressemble à une spectacularisation de la société du spectacle. Il n’y a plus seulement le football qui est spectacularisé, mais sa consommation. Pas même orange de honte, la Loterie Romande n’hésite pas à tirer sur cette corde sociale des paris sportifs, notamment dans leurs publicités. Cette marchandisation de notre intuition, de nos présentiments durant nos « temps libres » est franchement inquiétante et s’intègre parfaitement dans l’ultra-libéralisme sauvage qui vise à étendre, toujours plus, le champ du marchandisable. Que l’Etat soutienne cette dynamique sociétale et asociale est inquiétant.
Le second point nous permet de conclure cette analyse de la Loterie Romande sous le soleil lusitanien. Le Portugal est le pays le plus dépensier par habitant en jeux d’argent. Le gouvernement à majorité socialiste a récemment mis sur le marché un nouveau jeu à gratter dont l’intégralité des bénéfices sont redistribués à la préservation du patrimoine culturel. Cette idée à prime abord sociale, qui ressemble comme deux gouttes d’abricotine à notre fonctionnement suisse, a levé plusieurs boucliers contre elle. Certain.e.s crient à la taxe à la pauvreté41. Prolongeant notre inquiétude précédente et se basant sur ces nombreuses études attestant que les joueurs.ses issu.e.s de milieu défavorisé sont plus fragiles face au risque de l’addiction, plusieurs voix concordantes s’insurgent contre ce nouveau jeu qui fait passer les classes populaires à la caisse. Si la réalité de classes est différente en Suisse, cette réflexion est à replacer au cœur des battements de la Loterie Romande. Camille Robert conforte ce sentiment : « Une étude réalisée à l’Université de Neuchâtel parvient à la même conclusion et parle effectivement des jeux de loterie comme d’un impôt des pauvres.42 ». Prolongeant ce doux parfum de lutte des classes, Sébastien Berret et Virve Marionneau signent un article43 intitulé Les jeux de hasard et d’argent, un impôt dégressif ? qui jette des dernières larmes de lumière sur le fonctionnement de ces sites de jeux d’argent qui profite à la bourgeoisie. La Loterie Romande en fait évidemment partie.
Conclusion
La Loterie Romande est une vaste antichambre dont nos trois perspectives n’ont pas réussi à rendre compte de l’intégralité de l’obscurité qu’elle renferme. Pour autant, nous avons l’impression que ces fenêtres que nous avons ouvertes permettront de détricoter son image immaculée et de saisir l’importance de freiner ses ardeurs capitalistes. Si certains sujets (liens entre jeux vidéo et jeux d’argent, suppression d’impôts pour les gains de moins d’un million de francs, …) ont été laissés (peut-être à tort) sur le carreau, cet article révèle certains points inacceptables pour une société d’utilité publique. Alors que l’Etat donne parfois l’impression de ressembler à une figure fractale, les projecteurs que nous avons placé sur la Loterie Romande dévoilent des mécanismes de relations, des rapports de pouvoir, des conflits d’intérêts et des techniques de communications abusives à l’œuvre dans de nombreuses institutions installées dans cette douce jungle qu’est l’Etat.
Nous avons contacté la Loterie Romande sur ces nombreux points de discorde. N’acceptant qu’un dialogue par écrit, nous nous sommes confronté.e.s, sans réelle surprise, à des réponses fuyantes, incomplètes et enduites d’un manque de volonté de mettre de la lumière sur ces points de tension intolérables.
Si l’essence d’une entreprise dans un système capitaliste est de faire un maximum de profit en exploitant la force de travail du prolétariat afin (notamment) de gaver ses actionnaires, celle de la Loterie Romande ne déroge pas à la règle, à deux exceptions près : au lieu d’exploiter la force de travail, elle exploite nos passions, nos intuitions, nos fragilités dans notre temps « libre ». Au lieu de gaver ses actionnaires, elle gave ce microcosme politico-professionnel et la culture bourgeoise, fabriquant au passage des corps lacérés par les coups de l’addiction.
- Ce terme est issu d’un séminaire de Stephen Ball et Deborah Youdell, hidden privatisation in public education, qui s’inquiétaient de la privatisation cachée de l’éducation public. Nous constatons ce même processus social dans l’hôpital public fribourgeois, où une récente ministre « socialiste » avait clamé qu’ il coûtait trop cher.
- En tout cas la minorité (34.52%) qui s’est déplacée aux urnes.
- https://www.fedlex.admin.ch
- Tous les partis jeunes, qui ont récolté les signatures pour le référendum, se sont toutefois opposés à cette loi, craignant (notamment) une censure d’internet.
- Il semblerait que ce projet de délocalisation, prévu depuis de longs mois, a été volontairement repoussé après la votation.
- Tous les gouvernements cantonaux romands montrent leur surprise et leur désarroi face à cette délocalisation inattendue.
- Il osera même affirmer qu’il ne s’agit nullement d’une délocalisation sur les antennes de la RTS : https://www.rts.ch/info/economie/9755055-la-loterie-romande-externalise-une-partie-de-son-service-informatique-en-pologne.html
- http://www-laliberte-ch.admin8.iomedia.infomaniak.ch/info-regionale/grand-conseil/une-resolution-contre-la-delocalisation-de-la-loro-454899
- https://www.24heures.ch/suisse/pratiques-loterie-romande-passent-mal/story/21802632
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://www.youtube.com/watch?v=SHQ_L2R4Eo8&feature=emb_imp_woyt
- https://fr.wikipedia.org
- Selon la Loterie Romande, le conseil d’administration exerce la haute surveillance des personnes chargées de la gestion de la LoRo. Rires.
- La Loterie Romande assure que les membres de l’assemblée générale, dont le rôle est d’approuver les comptes annuels, ne reçoivent que le remboursement de leurs frais de déplacement.
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://ra.loro.ch/
- https://www.24heures.ch/berne-juge-licite-une-pub-pour-des-paris-sportifs-en-ligne-423189996560
- https://www.cpcp.be/wp-content/uploads/2018/12/jeux-publicite.pdf
- Nous avons tout de même un exemple où la Gespa a réprimandé la LoRo concernant une publicité outrancière. Résultat ? Simple remontrance.
- C’est la conférence spécialisés des membres de gouvernements concernés par les jeux d’argent (CSJA), formée uniquement de conseillers d’état, qui élit les membres de la Gespa.
- _https://lecolvertdupeuple.ch/
- Edit : la Loterie Romande a finalement repris cette campagne publicitaire relativement honteuse, avec notamment des guests comme Alexandre Kominek ou Whitney Toyloy
- https://jai-un-pote-dans-la.com/la-publicite-nauseabonde-et-hypocrite-de-la-federation-des-chasseurs/
- https://www.youtube.com
- https://www.24heures.ch
- https://www.24heures.ch/vaud-regions/loterie-romande-redoute-prevention-excessive/story/11681328
- https://www.rts.ch/
- https://www.24heures.ch/
- https://www.grea.ch/rapport-jhal
- Le développement live betting a été rendu possible grâce à la dernière loi sur les jeux d’argent, pourtant censée surveiller l’augmentation de comportements dépendants. https://www.swissinfo.ch/fre/loi-sur-les-jeux-d-argent_un-pari-de-plusieurs-milliards-dans-les-urnes-suisses/44032664
- Selon plusieurs expert.e.s, la dépendance aux jeux d’argent est celle qui touche le plus l’entourage. Pour chaque personne dépendante, ce serait dix personnes qui seraient plus ou moins impactées.
- http://sos-jeu.ch/
- https://www.esbk.admin.ch
- Il est stupéfiant de lire les avis de certain.e.s politicien.ne.s : https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- https://www.24heures.ch/la-remuneration-des-administrateurs-de-la-loro-reste-opaque-659068041708
- La moyenne salariale de l’entreprise est de 11’000 par mois : il nous semble logique que certains postes gagnent (beaucoup) plus, et d’autres (beaucoup) moins.
- https://www.24heures.ch/
- https://www.courrierinternational.com
- https://lecolvertdupeuple.ch
- Accessible gratuitement et librement ici : https://journals.openedition.org/sdj/2497
Excellent article qui mêle très habilement la rigueur journalistique et un militantisme nécessaire, total. L’abjecte et opaque politique du copinage sur le dos des « joueurs » doit cesser, comme doit cesser le financement par le cafard d’une culture bourgeoise qui écrase en grande partie les alternatives à celle-ci. Les chiffres donnent le vertige, la frénésie molle qu’induit le grattage, cochage, et tactilage donne la nausée.
Merci pour cette prise de position radicale à la poésie crue et sombre, à l’image du mirage infâme que fait miroiter la LoRo.
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