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LA KOLÈRE DU PUNK #1 VACHKIRI

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Salut à toi l’antispéciste
Salut à toi l’animaliste
Salut à toi keupon vegan
Salut à toi peuple d’iguanes


Implosion du propre. Ça part en Fanzine. Libre comme Cuba qu’il disait.
Aujourd’hui on va parler punk. Des punks et des bêtes. Ces histoires qui racontent que les punks, ça fait que de boire des bières tièdes avec un chien entre les guiches, Basta ! Au moins eux, ils pensent à leur iench. (ouais déso pour l’écriture inclusive, je vais en rater quelques-unes. Punkette partout.)
Parce que, croyez-moi ou non, les punks et leur mouvement interspatial ont joué un sacré rôle dans la protection des animaux (je vais avoir la flemme de dire « animaux non-humains » pendant tout mon monologue, mais c’est à eux que je pense quand j’écris animaux, bestioles, 4pattes et compagnie. Danke)
OK, ton père pense à Sid Vicious qui fait une O.D quand tu parles de punk, mais crois-moi, cette rage a sauvé bien plus de vies qu’elle en a bousillé.

Les Pistol’s et The Clash ont lancé le moov’. Et faut le dire, ils ont écrit des pétains de sons. (Par respect envers les putes et par mépris envers Pétain, je remplacerai putain par pétain, systématiquement.)
Et si The Clash était quand même bien plus politisé que Johnny et sa clique, jamais ils ne parleront de justice antispéciste. Ils commenceront même gentiment à vouloir se faire du fric sur la vague.
Pas très grave. C’est même grâce aux groupes qui commencent à sucer les grosses teubes de l’industrie du disque, les sell-outs qu’ils disaient, que l’anarcho-punk débarque et dégueule dans la fourmilière.

En 1978, Dieu créa Crass. (non je rigole, tout sauf lui)
Crass, c’est un collectif punk qui se métabolise dans les environs de Londres. (je vais souvent parler de Crass. Pas de jaloux.) L’histoire remonte à 1967 quand Penny Rimbaud et Gee Vaucher découvrent une maison abandonnée qu’iels nomment la Dial House. (y’aura pas de liens ni de sources dans mon discours. Si t’es curieux, fais-le toi même. Ah, et tu peux lire Fabien Hein)
Cette baraque deviendra rapidement un lieu autogéré et autosuffisant. Le genre d’endroit avec un jardin, une porte ouverte et des anars. Ceux qu’on veut éradiquer aujourd’hui t’sais ? Un jeune Steve débarque à la casa et c’est l’étincelle qui manquait pour allumer Crass. Steve chante, Penny se fout à la batterie et Gee fait des collages et invente un univers en lançant le fanzine International Anthem. Eve Libertine et Joy De Vivre se rajoutent derrière les micros, N.A. Palmer prend la guitare et Peter Wright la basse. Crass prend feu en 1978 avec leur album The Feeding of the 5000.

Nous sommes des personnes ordinaires, conscientes que ce monde est un immense bordel. Notre monde est cruel et barbare et nous entendons y opposer un front de refus. La marche du monde ne nous convient pas. Nous refusons d’être écartés des débats, nous refusons d’être dirigés par des technocrates, nous refusons que des politiques nous dictent la marche à suivre. Il s’agit de nos vies. Nous n’en avons qu’une seule. Il s’agit de notre planète. Nous n’en avons qu’une seule. Nous entendons bien nous la réapproprier. Car cette planète est aussi la nôtre.

Crass

Revenons à nos moutons.
En quoi ces gens bizarres ont-ils fait avancer la cause animale ?
Pour commencer, quoi de mieux que d’écouter un bon coup de gueule contre l’exploitation de nos amis les bêtes ? Pas besoin de vous dire que les images qui vont suivre sont d’une extrême violence pas vrai ? Merde je viens de le faire. (Cette vidéo est soumise à une limite d’âge? Ha ouais c’est vrai, les jeunes ne doivent pas voir d’où viennent leurs cervelas)

Ton sang, leur sang, c'est la même chose.
La pétain de même chose.

Ça c’était Conflict. Un groupe ami de Crass, engagé dans la libération animale, comme peut le laisser sous-entendre le titre de leur skeud To a Nation of Animal Lovers.

Nous affirmons que tous les êtres sensibles, animaux ou humains, ont le droit de vivre sans être soumis à la douleur, la torture et la souffrance. Certains disent que les humains comptent davantage parce qu’ils sont dotés du langage. Mais nos souffrances et notre douleurs sont-elles plus ou moins importantes que celles que ressentent les animaux ? […] Liberté humaine, droits des animaux. Même lutte, même combat. Mettre un terme à la maltraitance animale aura pour effet de mettre un terme à la maltraitance humaine. C’est dans l’ordre des choses.

Conflict

Des morceaux comme ça, y’en a pas mal dans la scène anar-punk. En 1983, le groupe Chumbawamba produit une compilation consacrée à la cause animale. (j’ai oublié de le dire mais les groupe anarcho-punk se produisent eux-mêmes. Ils chient sur les gros labels et prônent le DIY. )
Animals Are Not Ours, Eat Wheat / Not Meat , Freshly Skinned figurent sur la compil’. Des titres assez évocateurs ouais. Ce disque est envoyé à 250 destinataires dont des patrons d’abattoirs, de chaînes de grands magasins, etc… Pour finir, tout les bénéf’ sont reversés à Sea Shepherd.
Beaucoup plus fun :
Durant des concerts de Conflict, le groupe distribuait au public des flyers sur lesquels figuraient des plans d’accès de McDo, les adresses personnelles d’entrepreneurs du secteur agro-alimentaire ou de chercheurs pratiquant la vivisection. Miam.
Il suffit d’écouter leur titre This Is The A.L.F (pour Animal Liberation Front, un collectif antispé proche de la scène punk) pour comprendre que le groupe voulait lancer un front animaliste. Colin Jerwood gueule une liste de sabotages facilement réalisables soi-même. « Un camion de marchandise n’ira nulle part avec du sable dans le réservoir. Le chewing-gum colle très bien sur la fourrure. Si un cirque arrive en ville, rappelez-vous que ce qui se monte se démonte également… » Pétain ça fait envie.

Les punks aiment choquer. Pas mal de pochettes de skeud dénonçaient la maltraitance animale avec des photos dégueulasses. Durant leurs shows, des écrans géants diffusaient des images d’abattoir ou de chasse, les pogos s’agitaient. Des t-shirts Until Every Cage is Empty, Animal Liberation, Stop Vivisection se vendaient dans des coins de la salle. Dans les fanzines, on désignait les cibles et célébrait les victoires. Parfois avec un peu de philo de Singer ou Regan à se mettre sous la dent. La guerre était déclarée. Tu me diras que ça suffit pas ? Ouais t’as raison. Les punks l’avaient aussi compris. La propagande par le fait s’est très vite propagée. De nombreux groupes ont mis la main à la pâte, comme l’incroyable formation écossaise Oi Polloi, qui en plus d’insulter les chasseurs dans leurs titres participaient à des actions de sabotages de chasse en aspergeant les sentiers de citronnelle pour faire valser les iench et en caillassant ces merdeux des forêts s’il le fallait. Dans ta gueule.
Une pétée d’autre membres de la scène punk anglaise participe à des opérations du genre. Des membres d’Anti-System, un groupe anar-punk de Bradford ont défoncé les portes d’un abattoir et ont permis à un troupeau de vaches de se balader dans la ville. Merci.
Bon, on sait toustes qu’on a beau être anti-tout-ce-que-tu-veux, on ne va pas forcément y échapper, à ce foutu système. Les membres du groupe se prennent de la taule. Ça fait du bruit. Les jeunes suivent le mouvement et la police britannique galèèèèère .
À un certain moment dans les années huitantes, paraît même que y’avait plus de militants animalistes en prisons que de prisonniers de l’IRA. Tu veux des chiffres ? Plus de 600 activistes emprisonnés. Gotcha! Les punks aiment les bêtes.

Bon, on va traverser l’océan et parler un peu des ricains. Comme en Angleterre, la scène anarcho-punk se met en branle lorsque des groupes comme The Ramones signent pour des grosses maisons de disques. Les formations popent à gauche à droite, avec un ton plus féroce que chez les britishs. En 1981, le groupe canadien D.O.A. sort l’album Hardcore, qui donne son nom à toute cette branche du punk qui préfère gueuler sur 3 accords. Ça gueule contre la police, contre les multinationales, contre la guerre, la consommation, l’impérialisme, etc… Mais les animaux ne les intéressent pas tout de suite. Il faut attendre 1987 pour que la philosophie antispé s’installe solidement aux USA. Une compil’ de tracks animalistes est pressée pour venir en soutien à la branche étatsunienne de l’ALF. The A.L.F is Watching And There is No Place to Hide. On y retrouve Oi Polloi, Chumbawamba, Toxic Waste et des groupes de plus en plus tarés, comme Vegan Reich. Ouais fallait oser.
On en a pas encore parlé, mais c’est au début de cette décennie que la philo straight edge se répand chez les jeunes punks. En 1981, il suffit d’une chanson de 46 secondes pour créer une subculture. Minor Threath chante Straight Edge :

I'm a person just like you
But I've got better things to do
Than sit around and fuck my head
Hang out with the living dead

Il n’en faut pas plus pour qu’une partie des keupons se reconnaisse dans ces idées, et le mouvement est né. Pas de drogue, pas d’alcool, pas de clopes. On est pas là pour juger. Le régime végé ou vegan faisait aussi partie intégrante de la mouvance, et c’est plutôt ça qui nous intéresse ici. Une mutation de cette pensée ne tarde pas à débarquer avec Vegan Reich en figure de proue : la Hardline, La ligne dure. De rien. Ce courant extrémiste (oui j’ose le terme) part pas mal en couille. Bien sûr, c’est mon avis, mais cracher sur l’homosexualité, interdire la branlette, le cul non-procréatif, l’avortement… Moi j’appelle ça des tarés, ou des évangélistes. Pas des punks.
Heureusement qu’ils ne mettaient pas trop d’énergie dans la défense de ces conneries et qu’ils se concentraient sur la cause animale. Les paroles du morceau Dead Wrong du groupe Integrity, (de nouveau un sacré nom) font passer Conflict et consort pour des enfants de chœur.

We'll hunt you down, so you know exactly how your prey felt thought
It was just - a simple sport, in my eyes you're just a murderer
You don't kill for survival, you kill for cruelty
You went from being the hunter to being hunted
You are dead

Ou encore Earth Crisis avec Stand By :

You're a demon with blood on your hands
Your death will bring their freedom.

Mais bref, je crois qu’aucun meurtre n’ait été lié avec le mouvement Hardline jusqu’à aujourd’hui, ce qui n’est peut-être pas plus mal. Quelques années plus tard, les groupes phares du mouvement se disloquent. Leur intégrité ne plaisait pas suffisamment, faut croire. N’empêche que leur lutte fut courte mais intense, et elle laissa tout de même de bonnes graines dans le compost. L’ADL (Animal Defense Ligue) et la CAFT (Coalition to Abolish the Fur Trade) sont des organisations décentralisées encore actives aujourd’hui, dont les pionniers étaient des Hardliners. On peut leur laisser ça.

Plus tard, c’est d’une manière très, et trop conventionnelle que la scène punk va faire la promotion d’un rapport éthique avec les bêtes. PETA, l’organisation que tout le monde connait aujourd’hui, a été fondée par 5 personnes en 1980. Avec ses reportages clandestins bien trash, People for the Ethical Treatment of Animals devient rapidement la ref’ en matière d’investigations, et de campagnes de boycott contre des entreprises ou des individus. Depuis le début des années 2000, c’est une véritable histoire d’amour entre PETA et la mouvance punk ‘ricaine. Une petée de groupe punk comme SUM41, Rise Against, NOFX, Anti-Flag, etc… (ouais ok c’est clairement pop) rejoignent les rang de l’organisation à des fins commerciales. Le deal va dans les deux sens: PETA empoche une bonne brochette de nouveaux membres détér’ dans leurs rangs, et les groupes punk sont traités comme des héros dans le marketing de PETA. Win-win. Most Precious Blood suspend carrément une banderole aux couleurs de l’association pendant sa tournée.

Bon, on revient un peu en arrière pour parler de bouffe. En angleterre, dès les années 80, le regime végé devient la marque de fabrique des punks se battant pour la cause animale. S’appuyant pas mal sur la pensée de Thoreau, Reclus, Rousseau ou Emerson, les anar-punks de Crass interdisent la consommation de viande dans leurs Dial House… alors que presque tout y est permis. Dans Time Out, iels dénoncent le marketing pro viande des supermarchés.

Signs in the food stores, advertising meat
Beef blade, chuck roast, last you all the week
They're telling you you like it, you're saying that you do
They don't have to force it and tell you how to chew
You swallow it whole, without a fucking squeak
Sitting there quietly up they creep

chew=machouiller du cartilage
swallow=avaler du cartilage
fucking squeak=pétain de grincement
they creep=ils se faufilent (in ya brain)
(la traduction des autres mots est disponible chez ton marchand de journaux)

Flux of Pink Indians eux, des bons potes à Crass, s’attaquent à l’hypocrisie du consommateur dans Sick Butcher :

You tried to stroke me in a field
Then go home and eat me as your meal

stroke=caresser

Le mouvement punk ne verra jamais la consommation de viande comme un problème isolé, mais bien comme un des cancers de la société capitaliste. Ronald et sa merde, assez nouveaux en Anglettere en prennent rapidement plein la gueule. Dans le booklet d’un album de Conflict, on trouve une mise en garde adressé aux jeunes consommateurs de malbouffe.
« La prochaine fois que vous déjeunerez au McDonald, pensez aux 100 000 tête de bétails massacrées chaque jours aux États-Unis pour finir en hamburger. Ce bétail est tenu captif dans des entrepôts bondés et nourri d’un peu de farine animale. Les veaux anémiques enchaînés dans des boxes étroits sont quant à eux nourris de lait en poudre pendant les 100 jours de leur misérable existence. »

Le régime végétarien laissera rapidement sa place à sa version plus balèze, le véganisme. Level up Beaches! (par respect pour les putes, et par mépris envers les plages)
Perso, je pense que peu importe la personne, si elle continue à se documenter après avoir arrêté la bidoche, elle finira végane. Ou alors elle va galérer à vivre avec des contradictions. Naturecore le dira très clairement dans White Blood, « Les végétariens ne disent rien de l’emploi immodéré du lait. S’adonner à cette routine mortelle constitue un crime en soi. » (Ah et si jamais, j’ai mis les noms des groupes en gras et les titre et albums en italique. Juste pour le fun.)
Ne faisant jamais les choses à moitié, la jeunesse à piques d’Angleterre et des USA va rapidement remplacer le slogan No Future par Go Vegan. Les cantines de squats et de salles de concerts servent de la bouffe et des binches veganes, les restos vegans (dont de nombreux ont des chanteurs et chanteuses keupon comme chef·es de cuisine), quant à eux, invitent des groupes punks pour animer leurs soirées, et en 1988, le collectif anarcho-punk Hippycrew publie un bouquin de cuisine. Ouais on en est là. Àcable!

Soy not Oi, sous-titré « Plus de 200 recettes pour détruire le gouvernement » sera réédité pendant plus de 20 ans. Le Oi étant une branche ultra-prolo du punk, pour vulgariser grossièrement. Pétain.

C’est aussi au milieu punk qu’on doit les bases du veganarchisme. (Les mots-valises, ça claque. Des fois.) Brian A. Dominick, membre du collectif décentralisé anarcho-punk Crimethinc publiera en 1995 dans le fanzine Inside Front un texte d’une vingtaine de page avec le joli titre de Animal Liberation and Social Revolution. A Vegan perspective on Anarchism or an Anarchist perspective on Veganism.

Je suis végan parce que j’ai de la compassion pour les animaux. Je suis anarchiste parce que j’éprouve cette même compassion pour les humains, et parce que je refuse de me contenter de transiger sur les perspectives, de mégoter sur les stratégies, et de capituler sur les objectifs. […] Dans cet essai j’aimerais démontrer que toute approche du changement social doit non seulement impliquer une compréhension des relations sociales, mais aussi des relations entre les humains et la nature, y compris les animaux non humains. J’espère aussi y montrer pourquoi aucune approche de la libération animale n’est réalisable sans une connaissance profonde et une intériorisation de l’aspiration sociale révolutionnaire. Nous devons tous devenir, si je peux dire, veganarchiste.

Brian A.

Dans son texte, il rappelle à la nouvelle vague punk de ne pas dissocier la cause animale à l’ensemble des problématiques sociales. Il craint aussi que le veganisme finisse, comme bien d’autre chose avant lui, avalé par la culture dominante. Dès le moment ou le véganisme passe de la contestation à un simple mode de vie, il peut être vite fait bien fait récupéré par le marché. 25 ans après, bah… On peut sûrement acheter des cuisses de faux poulet accroché sur un os en plastique, vendu dans des barquettes en plastique, sous plastique.

Enfin bref, je crois que je vais m’arrêter là. J’ai assez causé. La prochaine fois que tu manges un steak, réjouis-toi de la mort du punk.

J’ai pas envie non plus de faire une conclusion. Do It Yourself.

La folle histoire du punk dans les luttes

voir série
  1. LA KOLÈRE DU PUNK #1 VACHKIRI
  2. LA KOLÈRE DU PUNK HS #1 INFOKIOSK

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