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Guide pratique de l’action directe #1 – le sabotage au travail

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Oyez oyez amiex combattantxe, militantxe, camarade, collègue, adelphe, ou quel que soit ton titre. Le temps est à la lutte. Plus que jamais, ou comme toujours, la résistance s’immisce partout. Que faire, comment nous suivre, quels sont les pas de cette danse, les canards arrivent-ils à faire des photocopies, tant de questions, si peu de réponses sur nos fiches de salaire, mais tant dans les feuilles de chou.


Aujourd’hui flamboyantxe Être de lumière, c’est le monde du travail qui nous intéresse. Cette activité par laquelle passe obligatoirement toute personne entrant dans «la vie active», qui phagocyte notre temps et notre force, qui épuise nos pensées, qui éteint nos lumières et qui nous pousse à consommer de manière frénétique tant l’argent gagné a nécessité d’efforts et d’annihilation qu’il serait insensé de ne pas l’utiliser. Comment faire pour que ce temps donné contre notre gré au monstre capitaliste ne soit pas perdu à jamais dans les limbes de la perdition, comment ne pas perdre les derniers tous petits bouts d’énergie qu’il nous restaient, comment protester contre ce vol éhonté de nos existences pourtant si prometteuses ? Plus qu’un mot, une perspective de satisfaction et d’accomplissement, une joie militante à portée de main, voici le sabotage. Pas de pitié pour les matons, heu pardon les patrons.

Une mini introduction théorique avant de se lancer sur la piste de décollage:

L’Action Directe, c’est ce que fait unxe individuxe ou un groupe pour peser sur un rapport de force et/ou changer une situation injuste, de manière autonome et directe. Globalement, agir par soi-même, pour soi-même. Pas d’intermédiaire, pas de bureaucrate, pas de politicien·nes, juste nous. Elle peut être légale, illégale, non-violente, violente, discrète ou mise en avant de plein de manières différentes.

Le sabotage est «l’action de détériorer, mettre hors d’usage volontairement et le plus souvent clandestinement, du matériel, des machines, des installations militaires ou civiles, ou de désorganiser et de compromettre le succès d’un projet, d’une entreprise.» nous dit wiki. Il est donc possible dans tout un tas d’environnements divers et variés, tels que des parkings, des gares, des places bétonnées en attente de construction d’une énième villa, des magasins, ou encore des bureaux.

On allume les lampes sur le bord de la piste, on se secoue les ailes, et ça démarre.

Déjà, syndique-toi:
Pas tellement du sabotage, encore que… Nous sommes loin de la terreur révolutionnaire qu’inspirent les syndicats français, mais les nôtres sont tout de même (un peu) utiles, surtout quand il s’agit de connaître les droits des travailleureusexs ; nos droits. Relecture de contrat, de fiches de salaire, de règlement du personnel, conseils sur le salaire auquel tu as droit, soutien en cas de comportements inadéquats/inappropriés/horribles, … profite au max de ce que les syndicats suisses ont à t’apporter. Appelle-les au moindre doute. Les patrons chercherons et trouveront toujours de quoi t’écraser, ne leur laisse aucune chance.

En Suisse, tente pas trop la grève :
La grève en Suisse est très encadrée légalement, parce qu’il s’agirait de ne pas nous laisser trop de libertés quand même, et surtout pas de nous permettre d’avoir du pouvoir dans nos revendications et nos actions. C’est la forme d’action directe la plus connue, la plus impactante potentiellement aussi, mais la moins utilisée et utilisable en Suisse. La grève doit remplir quatre conditions pour être licite :

  • Elle doit se rapporter aux relations de travail directes, et surtout porter sur une question susceptible d’être réglée par une Convention Collective de Travail. Pas de grève politique (pour faire pression sur les autorités par exemple), pas de grève générale, pas de grève en dehors de la branche, seulement une grève pour atteindre directement son ou ses patrons.
  • Elle doit respecter la paix du travail, magnifique concept Suisse, censé protéger les intérêts communs unissant employeurs et employéexs. C’est-à-dire qu’elle doit être le dernier recours. Il faut qu’il y ait eu négociations, conciliations et multiples rencontres avant, et que rien n’avance. Pas trop vite donc.
  • Elle doit répondre au principe de proportionnalité. De nouveau, négociations en amont, tout le toutim. Et même si on en arrive à la grève, interdiction de mettre le feu à la photocopieuse.
  • Elle doit être portée par une organisation ou un collectif de travailleureusexs capable de signer une Convention Collective de Travail, donc un syndicat.

Si toutes les conditions ne sont pas remplies (et elles ne le seront pas, celles-ci étant obscures et floues pour une très bonne raison), c’est le licenciement et des réparations de tort qui contiennent bien plus de chiffres que sur ta fiche de paie. Et certains corps de métier n’ont tout simplement pas le droit de faire grève.

Concentrons-nous donc sur d’autres méthodes, plus accessibles pour le peuple tranquille. Pas toutes ne fonctionnent dans les mêmes entreprises ou les mêmes corps de métier. Le travail de bureau est souvent particulièrement propice à la plupart des conseils, mais d’autres travaux y trouvent également leur compte.

Saboter le temps :
Prends beaucoup de pauses clope. Si tu ne fumes pas, fais-toi souvent du thé ou un café. Va tout le temps aux toilettes.
Aie toujours des choses très importantes à demander à tes collègues, comme par exemple comment était leur weekend.
Refuse d’accorder du temps à ton patron. Après tout, c’est logique tu ne l’as pas ce temps, puisque beaucoup trop à faire. N’hésite pas à te promener dans les bureaux avec plein de dossiers en main et l’air presséex.
Fais à manger pour tes collègues. C’est deux en un, tu ne perds pas ton temps à travailler, et tu cultives la solidarité et l’entraide collective. Tu peux aussi amener des gâteaux pour une quelconque occasion et proposer un goûter qui paralysera pendant quelques précieuses minutes l’entier du secteur voire de l’entreprise.
Tu travailles dans une startup dans laquelle le patron a mis à disposition de sa «grande famille» un babyfoot, des fléchettes, des massages en entreprise ou un frigo à boissons ? Abuses-en.
Ne travaille pas.
Si tu es à un bureau derrière ton ordinateur, va sur internet, lis ton Canard préféré au boulot, joue à des jeux, regarde des vidéos, design tes stickers.
Si tu dois t’occuper de ranger des étagères et des cartons toute la journée dans un entrepôt ou un cagibi, ne le fais pas.

Détourner le matériel ou «travailler en perruque» comme on disait en 1870 :
Passe tes appels privés avec le téléphone du boulot.
Fais envoyer ton courrier/tes colis au boulot.
Utilise la photocopieuse pour imprimer des zines et des tracts, le plan de ton jardin ou les invitations d’anniversaire de ton neveu.
Répare tes objets avec les outils du travail.
Profite des réductions chez les fournisseurs pour te commander du matériel à moindres frais.

Voler des trucs :
Prends tout. Du PQ, du sel, des couverts, des enveloppes, des timbres, du papier, des trombones, des câbles, des outils, des sacs poubelles, des produits de nettoyage, des assiettes, des bols, des ampoules, des classeurs vides, des stylos, des post-its, des agrafeuses, des pièces détachées, des objets en vente, de l’argent, tout. Pilles ton lieu de travail.
Il y a même une journée dédiée.

Mal travailler :
«A mauvaise paie, mauvais travail».
Fais le strict minimum.
Fais des petits oublis par-ci par-là (idéalement qui impactent ton patron plutôt que tes collègues).
Ton patron veut te faire relire des trucs ? Ne lis rien et dis ok.
Ne range pas ton espace de travail.
Ne sois pas aimable avec ton patron.
Ralentis les processus.
Ne sois surtout pas pro-activfe ou «force de proposition».
Ne propose pas «une boisson avec ceci ?».
Ne propose pas ton aide aux clientexs.

Trop bien travailler :
Souvent, les règles sont complètement stupides sur le lieu de travail et même parfois contre-productives. Suis-les à la lettre. Revérifie plusieurs fois que tu as tout fait correctement. Fais tout valider par la hiérarchie. Fais du zèle et sois irréprochable.

Saboter les profits :
Globalement, il s’agit de proposer la gratuité des prestations aux personnes qui viennent les acheter.
De manière collective, c’est : la gratuité des soins, la gratuité des transports en commun, la gratuité des produits alimentaires en supermarché.
De manière individuelle, les tarifs réduits pour un maximum de gens, même pour les personnes qui n’y ont pas droit, les malencontreux oublis de scan d’articles, le «un peu plus» du «il y en a un peu plus, je vous le mets ?» gratuit, la double portion dans l’assiette pour le même prix, ou le t-shirt gratuit pour un acheté glissé dans le sac.

Multiplier les absences :
Technique qui fonctionne un peu mieux de manière collective, parce qu’en Suisse le patronat peut raboter sur ton droit aux vacances s’il trouve que tu es trop souvent absentex. Mais même à 5 ou 6, une épidémie d’absences peut être lancée de manière très efficace, sans pour autant vous plomber de manière individuelle. Et l’avantage, c’est qu’il y en a de toutes sortes :
Les maladies, les accidents, les visites chez le médecin, les enfants malades, les enterrements, les proches hospitaliséexs, les déménagements, les mariages, les enterrements d’animaux de compagnie, les urgences familiales et les séances de psy.

Court-circuiter la hiérarchie :
Tu bosses dans le service et tu ne reçois jamais ta paie à l’heure ? Sers-toi dans la caisse et laisses-y ta feuille d’heures et le calcul (pour que tout soit réglo quand même).
Tu as demandé plusieurs fois à commander tel matériel nécessaire et rien n’est fait ? Commande-le toi-même.
Une machine n’est pas réparée ? Démembre-la pour en prendre les pièces détachées.

Foutre le bordel :
Là, il va te falloir de l’aide, extérieure même. Le bordel, c’est la guerre ouverte, destinée à rappeler que c’est l’employeur qui a besoin des employéexs, pas l’inverse. Des techniques à n’utiliser que dans certains cas précis, et non au quotidien.
Tes potes peuvent inonder le standard, envoyer des millions de mails, venir à la réception pour râler qu’on ne leur répond pas, …
Des petits rongeurs, palmipèdes ou des cochons amicaux peuvent être lâchés dans un entrepôt ou même une cuisine. Si quelqu’unxe d’anonyme venait tout à coup à prévenir les services d’hygiène, la balade des animaux n’en serait que plus efficace.
Cache tout ce que tu peux cacher et qui entraverait la bonne marche du travail.
Pour les plus hackers d’entre nous, il est possible de supprimer des fichier, prendre le contrôle d’ordinateurs à distance, corrompre des données.
Pour les moins hackers, il suffit de perdre malencontreusement les câbles d’alimentation, couper le courant, ou même juste débrancher les machines à chaque passage.
Commande des trucs, en quantité monstrueuse, au nom de ton patron.

Fais sortir les informations :
Le «leak» de données a d’ailleurs une force de frappe absolument monstrueuse. Rendre public les informations peut se faire de plusieurs manières différentes : via tout un tas de trucs informatiques compliqués et intraçables (donc à nouveau pour les plus hackers d’entre nous), mais également via des moyens divers, variés et inventifs comme des tracts, des prospectus, des mails aux fournisseurs, des petits mots sur les factures (ou même les serviettes dans la restauration) données aux clients, des communiqués de presse, des banderoles ou mégaphones.

Le collectif nous sauvera les plumes :
Instaurons une culture anti-travail, luttons contre la valorisation du travail, et intégrons le plus de monde possible.
Le sabotage n’est possible sur le long terme que grâce au collectif. Le sabotage n’est efficace que s’il n’impacte pas négativement tes collègues qui subissent exactement la même chose que toi. Voles les stylos de ton patron, pas de ta collègue.

Les actes de sabotage individuels, satisfaisants de manière directe permettant de ne pas perdre son corps et son esprit tout entier au travail. Ils ont également l’avantage, comme leur nom l’indique, d’être faisables individuellement. Cependant, ils peuvent être particulièrement mal perçus par tes collègues si le travail est vu comme une bénédiction dans ton entreprise. Il est donc nécessaire soit de prendre peu de risques, soit d’instaurer en amont cette fameuse culture anti-travail.
Le sabotage collectif en cas de revendications est très efficace de manière collective. Si tu es seulex, tu vas te faire écraser. De plus, le collectif rassure, motive, minimise les risques et créé un sentiment de pouvoir collectif. Un patron peut virer une personne, mais pas 1000, le licenciement collectif étant particulièrement cadré (et rarement légal) en Suisse.

Et maintenant va, bats-moi ces ailes dans le sens du vent et cache-moi cette agrafeuse sous tes plumes.

Si ta soif n’a pas été épanchée, saches que tu peux aller gigner quantité d’informations sur le sujet par ici :

1 Comment

  1. Excellent ! Encore pour cela faudrait-il avoir un vrai travail a contrario de se gaver de subventions et de cracher sur la main qui nous nouris

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