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Retour sur la situation au Kosovo

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La Suisse entretient des rapports particuliers avec le Kosovo. Pourtant, la situation et les récentes tensions qui ont émaillé le pays semblent nous échapper. D’abord par manque de connaissances sur le sujet, et c’est toute l’utilité de cet article que nous avons reçu, et que nous sommes heureux.ses de pouvoir partager.

Le point de vue est clairement situé, mais cela a toujours été le cas dans nos articles. Si, en tant qu’anarchistes convaincu.es, nous avons un peu de peine à considérer de façon si élogieuse un chef d’Etat, nous espérons que cet article pourra mieux faire connaître le contexte politique du Kosovo, afin d’y faire émerger de multiples perspectives de gauche radicale.


Il y a quelques semaines, le Kosovo se retrouvait encore sous les projecteurs, pour cause ; une élection illégitime mais pas illégale.

Ex-province de la Serbie, le Kosovo est composé d’une minorité serbe composant 10% de la population kosovare. Depuis l’indépendance du Kosovo en 2008, cette minorité est reconnue et protégée par la Constitution du Kosovo. C’est-à-dire qu’ils sont légalement légitimes à disposer de sièges au parlement (dix, aux élections législatives de 2021) et que les attaques ethniques sont illégales. En d’autres termes, tout est fait pour éviter une escalade ou une vengeance ethnique liée aux massacres génocidaires de la Serbie dans la fin du siècle dernier.

Seulement voilà, depuis des années, la minorité serbe circulait avec des plaques d’immatriculations serbes et fournies par le gouvernement serbe. C’est de là que les tensions ont commencé : il y a quelques mois, le gouvernement du Kosovo a décidé de remédier à cette incohérence étatique et de fournir lui-même les plaques d’immatriculation aux kosovars-serbes. Annonce qui n’a pas plu à une majorité de la minorité serbe. Blocage du parlement par les députés de la minorité serbe, blocage des frontières par celle-ci, puis, boycott des élections…

Embrasement des tensions

C’est dans ce contexte tendu, en avril 2023, que se sont déroulés les élections municipales de maires kosovar- albanais dans quatre villes où se trouvent la minorité serbe. Or, la minorité serbe a boycotté les élections légales du point de vue juridique. Ce qui a abouti à une participation de 5% de la population sur place uniquement, et la victoire de maires qui ne représentaient pas la minorité serbe. En d’autres termes, ces élections étaient parfaitement légales, mais restent illégitimes : 95% n’avaient pas voté, les élus sont des kosovar-albanais et par conséquent la minorité serbe n’est techniquement plus représentée.

Néanmoins, ce boycott n’est pas une idée issues directement de la minorité serbe : c’est le gouvernement serbe lui-même qui l’a ordonné. Gouvernement dirigé par le premier ministre Aleksandar Vucic. Ce dernier a été le ministre de l’Information lorsque Slobodan Milošević était président. Pour rappel, la guerre et les massacres génocidaire de la Bosnie et du Kosovo sont de la responsabilité de Slobodan Milošević. Pour les Albanais du Kosovo, Aleksandar Vucic n’était pas le ministre de l’Information, mais celui du ministère de la propagande serbe. Albin Kurti lui-même souligne la frustration d’Aleksandar Vucic quant à la défaite de la Serbie face à l’intervention de l’OTAN. Intervention jugée – pour certains – illégale et ayant causé la mort de civils. Par ailleurs, cette intervention a permis aux États-Unis d’installer la plus grande base militaire européenne au Kosovo qu’il ait. Une base qui explique l’intérêt des Occidentaux à maintenir le Kosovo de leur côté.

Alors, on comprend que toutes les tensions au Kosovo sont le fruit d’une volonté nationaliste du gouvernement serbe et particulièrement celle d’Aleksandar Vucic. Ce dernier joue avec les mots et les autorités Occidentales (comme l’Union Européenne) pour paraître exemplaire, alors que dans les faits, pas du tout. Aleksandar Vucic utilise des idéologies nationalistes pour attiser les tensions entre minorité serbe et minorité albanaise. Or, ces idéologies ne prennent pas toujours, car énormément d’albanais et de serbes communiquent et vivent de manière plus au moins apaisée, malgré les tensions maintenues par le haut. Rappelons ce que Benedict Anderson disait pour le nationalisme : c’est « une communauté politique imaginaire, et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine ». Ernest Gellner disait même que c’est le nationalisme qui crée la nation. On comprend alors que c’est toujours une envie politique qui maintient ce contexte de haine entre les deux pays.

S’ajoute à cela que les pays européens et les États-Unis n’arrangent pas les choses. Ces derniers avaient validé les nouvelles élections dans les municipalités où vit la minorité serbe. Puis, lorsque les résultats sont sortis et que les manifestations serbes se sont transformées en violentes manifestations contre le KFOR (la Force pour le Kosovo, force armée multinationale mise en œuvre par l’OTAN dans le Kosovo, sur mandat du Conseil de sécurité des Nations unies), la communauté Occidentale s’est rangée auprès des tactiques illégales et illégitimes du gouvernement serbe qui se positionne en tant que « sauveur » des minorités serbes.

Albin Kurti : l’homme de paix

Le Kosovo a un dirigeant de paix. Albin Kurti. Il faudra retenir dans l’histoire que cet homme a permis d’énormes avancées pour les Kosovars. Il a baissé les salaires des politiques, il a dégagé les corrompus du pouvoir, il est pour la reconnaissance des LGBTQIA+ et il maintient, avec ferveur, une volonté de paix entre Kosovars et Serbes.

Ce progressiste, souhaitant intégrer le Kosovo dans l’OTAN et l’UE, n’a qu’un seul but : éviter la guerre. Il a été prisonnier des serbes durant la guerre. Son peuple s’est fait tuer, des femmes ont été violées, des enfants massacrés. Et malgré cela, la haine ne le dirige pas. C’est parce qu’il connait la guerre qu’il la fuit. Depuis que les tensions se sont accentuées, Albin Kurti ne gère plus uniquement l’hypocrisie déhontée d’Aleksandar Vucic. Il gère également le retournement de veste de la communauté Occidentale qui se plie aux désirs d’Aleksandar Vucic. Ce retournement s’explique notamment par la situation de guerre entre l’Ukraine et la Russe. La Serbie est l’alliée directe de la Russie en Europe. Une nouvelle guerre pourrait être catastrophique et par conséquent la stratégie de l’Europe et des USA est celle de la légitimité Serbe, au lieu d’une stratégie pour une légitimité de paix et d’apaisement.

Aujourd’hui, la situation ne s’est toujours pas apaisée. Néanmoins, on peut compter sur la nuance d’Albin Kurti, le premier ministre du Kosovo, qui tente malgré toutes les attaques de désinformations des journalistes, des politiques et de certains citoyens du monde, de maintenir une politique claire : le Kosovo souhaite la paix et le vivre ensemble. Car oui, il ne faut pas oublier le passé, mais il ne faut plus y vivre. L’avenir doit être en cohésion. L’avenir est la cohésion.

Par ailleurs, l’élection légale, mais illégitime dans ses résultats, est en train d’être remise en question par le gouvernement de Kurti. En effet, ces derniers se disant « ouverts », par le biais de la Ministre des affaires étrangères du Kosovo, Donika Gervalla-Schwarz, a une nouvelle élection. Le gouvernement de Kurti se rend-il compte de son erreur et de l’illégitimité de ces élections ?

A suivre…

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