Que dire face au génocide ? Les mots paraissent inutiles et inaptes à décrire tant d’horreurs. Il faut pourtant bien dire quelque chose. Et surtout, c’est bien de dire, mais c’est mieux d’agir.
Que dire face au génocide1 ? Que dire devant un tel désastre politique, diplomatique et surtout humain ? Que dire sous la pluie sanglante des images, des messages, des appels à l’aide d’un peuple exterminé ?
Dire quelque chose c’est toujours mieux que rien
Vous avez forcément remarqué le silence assourdissant qui régnait jusqu’alors à la rédaction du Colvert2. Nous avons honte, mais nous sommes tétanisé·e·x·s, assommé·e·x·s par la violence, l’indécence, l’inhumanité des actions et des décisions prises à l’encontre des Palestinien·ne·x·s. Que peut-on demander lorsque tous les États occidentaux ferment les yeux devant le massacre ? Il faut pourtant bien dire quelque chose. Le silence est complice de l’oppression. Le choc est débilitant, la consternation muette qui s’empare de nos esprits atterrés interrompt le flot de nos pensées, d’ordinaire si fertile. Les mots se nouent dans nos gorges ensanglottées et des larmes de rage et d’impuissance inondent nos joues. Gaza brûlera cette nuit encore, et tout ce que nous pourrons dire n’y changera rien. Il faut pourtant bien dire quelque chose. Il faut dire l’inégalité flagrante de ce qu’on veut nous faire passer pour un conflit équitable et légitime. Il faut dire l’injustice du régime d’apartheid. Il faut dire les amalgames mensongers entre civil·e·x·s Palestinien·ne·x·s et terroristes. Il faut dire l’agonie d’un peuple enfermé, isolé et abandonné. Il faut dire le génocide commis par un État aveuglé par la haine. Il faut dire le fascisme et l’impérialisme qui se cachent derrière les prétextes et les excuses.
Plus rien à dire, mais tant à faire
Nous n’avons plus les mots, concernant la Palestine, l’encre coule autant que le sang, tout et son contraire a déjà été dit. Mais après le temps des paroles vient le temps des actes. Et pour pouvoir agir, nous devons déjà réaliser ce qui se passe à Gaza, prendre toute la mesure de l’atrocité des combats et des crimes de guerre. Nous devons affronter les images et les émotions terribles que cela engendre. Nous devons accepter la colère, la tristesse, le désespoir, l’impuissance. Nous devons comprendre et admettre que les États occidentaux sont complices, de même que les grandes entreprises capitalistes. Nous devons être la voix des Palestinien·ne·x·s qui n’ont plus aucun moyen de communiquer avec l’extérieur depuis ce vendredi en fin de journée. Nous devons nous mobiliser3 et nous organiser, sur les réseaux sociaux mais surtout dans la rue, pour demander des comptes à nos gouvernements et si possible instaurer un rapport de force. Nous devons interrompre notre train-train confortable et aliénant, prendre des risques pour braver l’inaction. Nous devons déconstruire nos automatismes coloniaux, islamophobes et antisémites, désimpérialiser nos imaginaires. Nous devons rester imperméables à la propagande de l’État israélien et des autres gouvernements ou partis d’extrême-droite ailleurs dans le monde. Nous devons continuer de combattre le fascisme et l’impérialisme partout, tout le temps.
Continuer la lutte !
C’est une lutte perpétuelle et interminable que celle que nous avons choisie. Mais nous pouvons la porter fièrement ! Nous luttons pour l’émancipation et la libération de tous les peuples et de tou·te·x·s les individu·e·x·s. Car nous savons qu’aucun·e·x de nous ne sera libre tant que les Palestinien·ne·x·s, les Rohingyas, les Ouïghours, les Kurdes, les Ukrainien·ne·x·s, les Serbe·x·s du Kosovo,les Albanai·se·x·s de Macédoine, les Tchétchène·x·s, les Yéménite·x·s, les peuples autochtones d’Amérique, d’Australie et d’ailleurs, les habitant·e·x·s du Tigré, du Darfour, du Haut-Karabagh, du Chiapas, du Kivu et toutes les autres populations, ethnies et minorités opprimées ne seront pas libres. Ça commence ici et maintenant, par comprendre, réaliser et s’organiser pour enfin agir ! Si pas nous, qui ? Si pas maintenant, quand ? Il y aura toujours mille excuses pour rester passif·ve·x, mais une seule te suffit pour nous rejoindre.
- Les médias mainstream s’entêtent à parler de « conflit », de « combats » ou d' »affrontements », mais c’est l’objet de cet article de montrer que plusieurs éléments constitutifs du crime de génocide semblent être réalisés. On peut en particulier souligner la violence qui se déchaîne indifféremment envers les civil·e·x·s Palestinien·ne·x·s, mais aussi les journalistes ou le personnel soignant y compris étranger et/ou de l’ONU, sur place.
- On me signale cependant que notre compte twitter n’a pas été complètement muet.
- De nombreux événements sont organisés à Fribourg et ailleurs en Suisse. Une deuxième manif est en train de s’organiser à Fribourg, et l’Angle d’attaque propose une projections de courts-métrages palestiniens le 1er novembre à la Coutell’. N’hésitez pas à consulter notre calendrier pour ne rien rater, ou même à ajouter les événements dont vous avez connaissance :)