Il y a plus d’une année, plusieurs collectifs fribourgeois se sont rencontrés dans le but d’acquérir un local partagé. Lors de ces douze mois de discussions et de recherches, certain.es ont fini par quitter la barque, d’autres l’ont rejointe. Malgré quelques brumes de doutes et de désillusions, cette barque a tracé son chemin sous un ciel qui n’a cessé de brûler d’espoirs et de joies. Et finalement, une année plus tard, cette barque a touché terre, et nous avons posé pattes et plumes au Terrier, le nouveau local des luttes fribourgeoises.
Depuis l’envol du Colvert du peuple, il y a de cela presque quatre ans, notre plumage a changé. Mais l’horizon reste le même : la promesse d’un autre monde. Force toutefois est de constater que les caneton.es que nous étions au moment de lancer ce journal, nageaient dans cette mare médiatique et volaient vers l’aube avec d’autres forces et énergies. Nous qui aimions barboter dans l’ombre, nous avons commencé à organiser des évènements publics. Nous qui apprécions l’intimité de notre petite mare, nous avons fini par la partager avec d’autres, médias alliés et ami.xes de luttes. N’en doutez pas : le même feu brûle en nous. Peut-être simplement que certaines cavités de nos cœurs ont fini par s’habituer à ces chaleurs.
Aurions-nous pris place dans cette barque, il y a de cela quatre ans ? Il est possible d’en douter. Toutefois, en quatre ans, de nouvelles interrogations, réflexions, besoins et désirs sont venus frapper à la porte de notre engagement politique. Et c’est donc logiquement, et avec un plaisir non dissimulé, que nous vous annonçons l’ouverture du Terrier.
C’est quoi, le Terrier ?
Le Terrier, situé en pleine ville de Fribourg, a plusieurs visages. Refuge à l’abri de ce monde et de ses toiles d’oppressions, safe zone et permanence pour les personnes dans le besoin, local de réunions et d’entrepôt de matériel ou encore espace permettant d’organiser des évènements publics et d’accueillir épisodiquement des associations ou des collectifs dans le besoin : la liste est encore longue. Et sans doute que cette accumulation quelque peu froide rend peu hommage à ce lieu, qu’il faut imaginer aussi coloré et joyeux que nos luttes et nos désirs.
Sans doute faut-il également replacer le Terrier dans le contexte militant fribourgeois, et dans ces tentatives estivales répétées de créer, de prolonger, de matérialiser une forme de convergence des luttes. Ce lieu a l’ambition d’être un terreau d’affects, de pensées et de réflexions, où nos différentes racines pourront s’entremêler dans un cadre bienveillant. Cet espace de discussions, de sensibilisations, d’échanges et de débats ne transigera toutefois jamais sur ses valeurs fondamentales, des valeurs de gauche. Plus généralement, nous espérons avec ce lieu pouvoir étendre et raffermir un tissu de solidarités, d’entraides et de luttes dans notre ville.
C’est un peu tout ça, le Terrier. Une idée un peu folle, qui a longtemps baigné dans une forme d’utopie, et qui a fini par se matérialiser. Un pari, également, parce que ce genre de projets n’est jamais gagné d’avance. Un laboratoire pour le monde d’après, celui qu’on désire voir advenir.
Peut-être même est-ce la partie la plus excitante du Terrier, sa cavité la plus subversive. Comment allons-nous réussir à nous entendre, et à faire monde ensemble ? Comment allons-nous gérer les désaccords et les conflits qui arriveront sans doute, sans reproduire les mécaniques violentes de notre justice pénale ? Trouverons-nous un équilibre entre prioriser le collectif sur l’individuel, sans jamais renoncer à l’individu ? Le Terrier, en plus de son utilité évidente, s’inscrit dans cette vague des nouvelles expérimentations du vivre-ensemble, en dehors des logiques capitalistes. Toutes ces questions et toutes ces réflexions qui seront mises en pratique rendent cette aventure belle et puissante.
On a besoin de vous !
Ce projet implique des risques financiers considérables. Sans véritable soutien de la ville ou d’une autre entité, le loyer pèse pour l’heure sur les épaules des différents collectifs concernés. A terme, nous espérons que ce montant sera partiellement, voire entièrement remboursé par nos évènements publics. En attendant que le lieu soit aménagé et que nous soyons prêtxes à accueillir du monde extérieur, nous avons décidé de lancer un crowdfunding afin de nous soulager, financièrement et mentalement. Alors, si ces quelques mots font écho en toi, et que tu as les moyens de nous filer une petite pièce, ou un petit billet, voilà le lien de notre récolte de fond. (A noter que le choix du site s’est décidé du fait que c’est le seul qui ne prend pas environ 10% de l’argent récolté dans sa poche.).
En outre, si tu fais partie d’un collectif intéressé à nous rejoindre, ou à utiliser sporadiquement ce lieu, n’hésite pas à nous contacter !
Coin Coin