Du 13 au 17 mai, des étudiant.xes en sciences sociales organisent une semaine d’évènements queer à l’Université de Fribourg. Exactement une année après que des individus (finalement retrouvés et condamnés) aient arraché, puis brûlé des drapeaux arc-en-ciel1, la Queer Studies Week sonne comme une réponse déterminée face à cette intimidation contre la communauté queer.
A chacune de vos attaques, nous reviendrons plus fort.xes, plus déterminé.xes et plus solidaires. Voilà, en filigrane, le messages des étudiant.xes en sciences sociales qui organisent la Queer Studies Week. Touché.xes dans leur chair par cet acte queerphobe, iels ont décidé de mettre sur pieds la première semaine thématique consacrée aux études critiques queer au sein d’université de Fribourg. Après de nombreux mois d’efforts, à slalomer entre les possibilités et les limites qu’un tel évènement suppose, la fachschaft de sciences sociales et EquOpp (aidées par Lago, l’asso trans&non-binär Fribourg et Friqueers) présentent un programme vaste et diversifié.
Face à cet acte d’intimidation, la QSW a pour but de répondre à la violence par le dialogue, la sensibilisation et la célébration des identités queers. Soutenu par la ville de Fribourg et sa conservatrice université, ce projet paraît bien plus radical que ce qu’il ne veut (ou peut) le dire. Face aux attaques constantes de la droite contre les sciences sociales, face à des champs médiatiques et politiques toujours plus poreux aux idées d’extrême-droite, face à un monde où les droits et les conditions d’existence des personnes queers sont régulièrement attaqués, déployer des espaces de réflexions, de rencontres et de fêtes prévues pour la communauté LGBTIQA+ sonne comme un réel geste de résistance. Résistance face à un patriarcat hétéronormatif qui trouve toujours un moyen de canaliser, de brutaliser, de contenir et d’étouffer les identités et les imaginaires queer. Avec de multiples conférences, discussions, ateliers et fêtes, la Queer Studies Week a pour vocation d’ouvrir des brèches dans la binarité de nos cerveaux et de nos cœurs.
Le programme, parlons-en. En plus de sept conférences ouvertes au public données par des anthropologues et sociologues queer, les organisateurices.x proposent une série d’évènements artistiques et culturels2 : une table ronde sur les parentalités queer, un seul-en-scène à Frison, une soirée dédiée à l’art du drag ou encore une fête de clôture au Nouveau Monde.
Lundi 13 mai
10h15-12h : Conférence « Etudier les genres non binaire – un rapport à soi et à l’altérité » (FRA, PER21-C120)
13h15-15h00 : Conférence « « I know what I am ! » : Moral ambiguities and the ethical labor of queer lives in India » (ENG, PER21-A230)
19h00 : Apéro d’ouverture au Centre Fries
Mardi 14 mai
10h15-12h00 :Conférence « Desiring touch – from lesbian/queer studies to queering anthropology » (ENG – PER21-G140)
18h30-21h00 : Familles plurielles : table ronde sur les parentalités queer (Nouveau Monde)
Mercredi 15 mai
16h00-18h00 : Living libraries and SaferSpace : parcours multiples de personnes trans et non-binaires (Centre Fries, avec TNB)
19h30 : Pour un temps sois peu (seul-en-scène de Laurène Marx, Frison)
Jeudi 16 mai :
10h15-12h00 : Conférence « Incorporation, normalisation et libération de l’homosexualité, une histoire de la pratique de lobbying parlementaire » (FRA, PER21-G230)
15h15-17h00 : Conférence « Projet InMIND : intersectionnalité, minorisations et discriminations ethno-raciales, sexuelles, de genre en contexte migratoire » (FRA, PER21-G140)
18h00-20h00 : Full Make-Up : atelier d’initiation au Drag (Centre Fries)
21h00-00h00 : Drag Showcase (Centre Fries)
Vendredi 17 mai
8h15-10h : Conférence « Queer feminist activism and art in central Asia » (DEU, PER21-A140)
10h15-12h00 : Workshop : Feelings, ethics and practices of queer knowing (ENG, PER21-A140)
17h30-20h00 : Luttes queer en Suisse : Quels horizons ? Table ronde organisée par LAGO (FRA, Nouveau Monde)
22h00-02h45 : 1700 degrés – Queer party au Nouveau Monde
Dans une séquence politico-médiatique où les universités de sciences sociales croulent sous les critiques, où les forces d’un libéralisme corrompu, bien amnésique sur ses racines historiques, tentent de faire taire l’un des derniers espaces qui ne lui appartient pas encore, cette Queer Studies Week apparaît comme une bouffée d’air. Une bouffée d’air ô combien politique qu’il convient de soutenir avec force et qui pourrait, en cas de bon fonctionnement et de satisfaction de toutes les parties, avoir lieu printemps après printemps et se transformer en rendez-vous annuel des luttes queer à Fribourg !
- https://lecolvertdupeuple/
- une manière également de « sortir » les réflexions queers de l’université et d’essayer d’embrasser l’imaginaire d’universités plus populaires
